Voici le témoignage d’un étudiante tunisienne qui a été confronté à l’administration pour obtenir sa bourse, un parcours chaotique qui en aurait découragé plus d’une(un)…
« Depuis 1997 une convention a été mise en place entre la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis et L’université de Strasbourg permettant aux étudiants (latinistes) de préparer un diplôme en lettres classiques. Pour ce faire, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique octroie des bourses pour les 2 voire trois lauréats.
Inopportunément, cette convention n’a pas été maintenue tous les ans et ce pour de multiples raisons. Par ailleurs, l’enseignement des lettres anciennes s’est trouvé en danger d’extinction au fil des années. Ce qui constitue une réelle perte dans les facultés tunisiennes.
Heureusement que des professeurs se sont mobilisés le 23 avril 2012 pour organiser une
journée d’études consacrée à l’enseignement du latin » l’enseignement du latin : bilan et perspectives » où j’ai fait parti des conférenciers. Et c’est en tant que passionnée par les lettres classiques et tenant à ce que la Tunisie garde l’étiquette d’un pays polyglotte que mes professeurs m’ont accordé cette occasion honorable mais aussi leur confiance. Une opportunité qui m’a permis de défendre avec beaucoup de courage l’enseignement du latin comme j’ai exposé et expliqué les raisons essentielles de la réticence des étudiants.
Cette journée que j’ai beaucoup attendu m’a permis de révéler la passion que je porte pour les antiquités. Afin de m’encourager mes professeurs m’ont présélectionnée pour étudier a Strasbourg. Cependant il est à noter que les critères fixés pour bénéficier de la bourse
furent exigeants voire difficiles à atteindre. En effet, il fallait être lauréat(e) en lettres modernes et en lettres classiques. Après un travail acharné j’ai réussi à remplir les critères requis. J’étais convaincue que la compétence était le seul critère pour obtenir un bourse qui couvre à 100% les frais d’une étudiante…Mais j’ai commencé à faire face à une réalité amère.
Je me suis perdue dans un labyrinthe administratif et j’étais coincée entre les dents d’une machine appelée bureaucratie. Pour récupérer un diplôme il fallait faire le tour de toute les université. Les agents administratifs adoraient se jeter la balle et ne cessaient de répéter qu’ils ne savent rien, qu’ils connaissent rien …
Après une tournée dans les administrations, j’ai enfin pu avoir un dossier complet que j’ai déposé au mois de mai et qui fut tout de suite envoyé. Il fallait attendre la réponse jusqu’au jour où ma faculté me contacte pour dire que le dossier n’a pas été reçu. « Cela arrive » je me suis dit. Je dépose un autre dossier qui fut envoyé par fax pour gagner du temps. Afin de m’assurer je me dirige au Ministère pour m’assurer que le dossier a bien été reçu. L’accueil n’était pas très chaleureux mais je fus reçue avec une collègue par le responsable. Ce dernier nous informe qu’il n’est pas sur que la convention existe et qu’il ne sait pas si on allait bénéficier de la bourse ; Cependant la fameuse phrase qui a raisonné dans nos têtes c’est quand ils nous a dit « évitez votre curiosité inutile et ce n’est pas la peine de revenir.Vous auriez peut être la réponse en septembre ou en octobre » sachant que les cours commencent en septembre et que les démarches à effectuer sont intimement liées à l’obtention de la bourse.
Persévérante j’ai consacré mon temps et mon énergie à préparer un dossier cette fois ci pour l’université de Strasbourg qui dans un premier temps m’informe que j’ai choisi la mauvaise formation. Est ce ma faute si on m’a mal informée…Mes visites à la faculté se sont alors multipliées pour recueillir des informations d’une personne qui a énormément cherché à m’aider. J’ai alors refait toutes les démarches nécessaires et j’ai eu l’accord de
l’université de Strasbourg le 24 juillet 2012 après avoir passé le fameux DALF (Diplôme approfondi en langue française).
Je continue à me renseigner pour ma bourse. Tout ce que j’espérais c’est d’avoir une réponse favorable ou défavorable mais on continue à m’ignorer au Ministère comme on me fait attendre des heures pour me dire que le responsable est parti manger, prier ou qu’il est en réunion…Je reviens à la faculté où on contacte des responsable ou un responsable lui dit qu’un autre nom leur a été communiquer !!!!
Consciente qu’il s’agit d’un droit et non d’une faveur je continue à effectuer les démarches qui coûte chères et qui m’obligent à quitter mon travail et à faire d’autres sacrifices…
Le 06 septembre, on m’appelle et m’informer que mon dossier est inexistant. Je me renseigne auprès du bureau d’ordre qui m’informe que mon dossier à été transmis le 15 mai.Je dépose mon dossier avec un avis favorable du département et j’attends tout en me disant que cette fois-ci cela va marcher. Même chose : ils n’ont jamais rien reçu!!!
Je m’adresse au rectorat et je rencontre un responsable qui s’emporte après mon explication. Il m’informe alors que j’ai eu l’accord du rectorat au mois de mai et me communique mon numéro de dossier. Indignée je reviens au Ministère où on me fixe un
rendez vous avec une responsable. Je lui explique alors ce qui s’est passée mais l’histoire est tellement incroyable qu’effectivement elle ne croit pas un mot de ce que je lui explique . En revanche avec mon numéro, elle réussit à trouver mon pseudo-dossier contenant une lettre de motivation et une lettre de recommandation et m’explique qu’on ne peut octroyer de bourse avec un tel dossier et qu’il fallait s’inscrire au site chose que j’ignorais et qu’on ne m a jamais dit. Je reconstitue un dossier et je revendique une décharge cette fois ci .
Le stress atteint son paroxysme car les cours ont commencé le 12 septembre et je n’avais pas toujours pas ma bourse ….Le 1er octobre j’obtiens enfin une attestation de bourse. J’ avais 48 heures uniquement pour préparer mon dossier de demande de visa. Mauvaise nouvelle l’hébergement est annulé vu le retard. Je me présente à nouveau au ministère qui dit qu’il n’y peut rien pour moi on demande des explications. Par conséquent, on nous menace de porter plainte vu ENCORE cette curiosité inutile et ce retard tout à fait normal
!!!! »
Finalement, l’étudiante obtient son visa et décolle pour Strasbourg le 23 octobre 2012…soit avec plus de 5 semaines de retard ! Le niveau requit est tel que ce retard l’oblige à redoubler d’effort pour rattraper les cours manqués. Souhaitons lui réussite et courage et saluons sa persévérance pour obtenir son droit sans corruption.